mardi 23 octobre 2007

La tête dans le sablier

Avez-vous déjà essayé d'attraper la fumée?
Celle qui sort d'un tas de feuilles qu'on doit brûler dans le fond du jardin au début de l'automne. La main tendue vers cette matière qu'on voit se remuer d'un gris de crayon à un blanc impur d'une page vierge. Très vite, les doigts se resserrent, on sent une chaleur, un peu comme celle d'un chauffage d'appoint qu'on allume un peu trop tôt en octobre. Puis on ouvre la paume, rien n'est là si ce n'est que ces curieuses lignes tracées sur la peau.
Si vous avez essayé cela alors vous savez le sentiment que j'ai au fond de moi durant ces jours passés, cette sensation agréable d'avoir une chose en main, en même temps, je ne sais pas ce qu'elle est vraiment car je ne la vois pas. Elle ou ça me hante, me réchauffe, me rassure. Alors, qu'est-ce que ça change, on me le demande depuis que j'ai reçu mon numéro de siret d'artiste peintre.
J'ai retourné le sablier dans ma tête, le compte à rebours a commencé, sur la ligne des encres, je dois sprinter jusqu'au cercle chromatique. Pour l'instant je ne peux répondre qu'en disant: Ah! mes pinceaux, courez!

jeudi 4 octobre 2007

Anthologie de l'humour noir



Bestiaire sans prénom


l’éléphant est amoureux du millimètre


l’escargot est fier
sous son chapeau d’or
son cuir est calme
avec un rire de flore
il porte son fusil de gélatine


l’aigle a des gestes de vide présumé
son pis est rempli d’éclairs


le lion porte une moustache
en pur gothique flamboyant
et des souliers pâles et purgés
comme un néo-soldat
après une défaite de lune


la langouste descend du mât
échange sa canne contre une baguette
et remonte avec son bâton
le long du tronc d’arbre


la mouche avec un regard ronflant
repose son nez sur un jet d’eau


la vache prend le chemin de parchemin
qui se perd dans un livre de chair
chaque poil de ce livre
pèse une livre


le serpent saute avec picotement et picotement
autour des cuvettes d’amour
remplies de coeurs percés de flèches


le papillon empaillé
devient un papapillon empaillé
le papapillon empapaillé
devient un grandpapapillon grandempaillé


le rossignol frère du sphinx
arrose des estomacs des coeurs des cerveaux des tripes
c’est-à-dire des lys des roses des oeillets des lilas


la puce porte son pied droit
derrière son oreille gauche
et sa main gauche
dans sa main droite
et saute sur son pied gauche
par-dessus son oreille droite

Hans Arp

mardi 2 octobre 2007

Ca dao

Hỡi cô tát nước bên đàng
Cho tôi gạn ánh trăng vàng nghe cô.
Gạn cho trăng nước là thơ
Gạn cho sông cả đôi bờ thảnh thơi
Mai này hạt gạo lên ngôi
Tôi ngồi tôi nấu, thành hai chỉ vàng
Một chỉ tôi biếu tặng nàng
Một chỉ ký gởi lá bàng trường xưa.

O! Ma demoiselle qui assèche les canaux,
Offrez-moi l'éclat de la lune dans votre seau.
J'en décanterai alors une marée mouillée de vers,
Afin que les deux bords de la rivière respirent.
Lorsqu'un matin dorera les rizières,
Encore assis, je macérerai deux fils d'or,
Je gagerai l'un à une femme,
Et l'autre à l'abre de l'école d'autrefois.

trăng : la lune
vàng : jaune, or
bàng : un badamier
Une nouvelle traduction d'un chant populaire vietnamien.

lundi 1 octobre 2007

Lundi, le premier jour d'Octobre

L'air devient frais, je dois me couvrir d'avantage,
Avant d'aller voir les feuilles payer le péage aux baies.
Les veines vertes se déclinent en parachutes.
Encore une fois cette nuit, le vent, en clopin-clopant,
Balaie les ondes, je ne peux acheter ce moment.
Sur cette danse, j'y mettrai un morceau de flûte.
Soudain, un fil m'amène à l'été prochain,
Mais avant ce prochain,
Les éphémères du printemps viendront.
Bientôt l'hiver, je le veux,
La pluie tombe,
A cet instant, je suis au pied de l'automne.