mercredi 23 mai 2007

Lunatique...assez métallique

Je commence par me débarrasser de mes clés, de mon portefeuille, de mon blouson puis j'avance d'un pas. Une forte appréhension arrive, la cage thoracique se gonfle d'un coup mais au lieu d'une bouffée d'air réconcilliant, la peur de m'écrase devant ce tas déchaîné y est entrée. Ma mâchoire est serrée pour éviter de me mordre la langue pendant les prochaines secousses, je joue des coudes et je m'approche encore de plus près vers la basse continue, plus près encore, là, à cet endroit où il y a plus que le coeur qui résonne dans un son qui ignore le corps.


Deftones, Change.

D'un coup je me fait bousculer, entrainé malgré moi à me jeter dans un bain de chair. Les cheveux mouillés me piquent le visage, ils me piquent les yeux puis ils me piquent le nez. Un coup d'épaule suivi d'un autre, et encore un autre. Un bras. Un corps entier s'est jeté sur moi et bien d'autres coups encore, j'ai mal, est-ce que je saigne? Je ne vois rien, je n'ai pas le temps, je finis par accepter de me prendre des coups et vibrer de toute ma violence. Soudain un inconnu me sourit et me fait signe qu'il va me soulever. Surpris, tout mon poids repose déjà sur ses épaules, de cette hauteur je me couche, raide, sur le lit de bras et je flotte; trente secondes, c'est court. Je n'ai rien ressenti alors je tombe sans qu'on ne me rattrappe. Le bref instant où l'esprit a heurté la conscience, enfoncé des cailloux ronds et pointus dans le dos, petits et plats dans la peau.


Faith no more, The gentle art to make ennemies.

La douleur, le souffle coupé par l'effort, l'instinct dit de faire attention mais l'envie insatiable d'être encore flottant est trop fort alors je recommence mais je ne lutte plus par manque de force et je me sens bercé par le mouvement d'une masse de chair transpirante, suintante l'alcool, mes jambes redécollent, l'espace qu'occupe mon corps devient infime, les mains ne protègent plus le visage, la tête tourne et cogne sur les os et la chair humide.La musique est sublime. Dès ce moment là je fais signe que je veux être là haut, je ne sais pas comment mais les mains sont là à me soutenir, les doigts massent légèrement mon dos douloureux, les mains pressent précisément sur les bleus encore récents. Mes pieds levés, mes mains levées, à fin de ne pas cogner sur les têtes qui sont dessous ou pire encore par mégard crever avec mes doigts des yeux innocents. Trop conscient, je dois fermer à présent mes paupières et revivre cette sensation qui ne dure qu'une fraction de seconde où l'air joue contre la gravité sur soixante mètres de hauteur et je retombe toujours.


A perfect circle, 3 libras.

A l'adolescent qui se jette furieusement dans la musique pour vivre.